Éclaircir les ténèbres (2021)

Quand l'équipe de SNAG a montré sa nouvelle parution, je n'étais pas très convaincue, tout simplement parce que deux des trois genres du livre ne sont pas de ceux qui me plaisent habituellement. L'histoire et la philosophie, à part sur des sujets bien particuliers, ce n'est pas du tout ma came. Et puis, ils me l'ont proposé en service-presse, alors je me suis dit que je n'avais rien à perdre à me laisser tenter, ne serait-ce que pour la découverte du mélange. Et il s'avère que j'ai été agréablement surprise ! Souvent déroutée, je ne le cache pas, mais agréablement surprise tout de même.

Le jeune Hugues est chargé par le Cardinal de Richelieu de recruter 4 hommes avant de faire route vers la vallée d'Ouraos, prise par le Mal : on y a vu Frigg, quelques monstres, et aussi un brouillard verdâtre qui ne se lève jamais et qui tue les personnes osant le traverser. Le Cardinal espère bien qu'ils y ramèneront la paix à eux cinq, surtout qu'il ne les a pas choisis par hasard...

J'avais peur de me lancer dans ce roman parce que j'ai assez peu d'affinités avec l'histoire et la philosophie. En revanche, j'adore le fantastique, les légendes et la magie, et c'est pour cette raison que j'ai tenté le coup. Au final, j'ai bien fait, car je suis ressortie du livre impressionnée par l'entremêlement parfait des trois genres ! Chacun est bien dosé et suffisamment lié à son voisin pour que le mélange soit si réaliste que les faits décrits en paraissent réels. À mon sens, c'est la plus grande force du livre !

Les événements se déroulent sans anicroches d'ailleurs, les liens entre eux sont logiques, tout s'enchaîne très bien. Le seul reproche que j'aurais à faire de ce côté-là, c'est que les repères temporels m'ont manqué. J'ai été souvent perdue pendant les flashbacks parce que je ne savais pas si ce qui était décrit arrivait en parallèle de l'histoire des hommes de Richelieu ou si c'était justement des flashbacks. J'étais déboussolée à chaque début de ces scènes car je me demandais quand elles avaient lieu sur la frise temporelle de l'histoire : avant ou après le départ de Hugues ? Cela s'est-il passé des années en arrière ou seulement quelques mois ? J'ai fini par piger le « truc » au bout d'un long moment, et comme je n'ai pas l'habitude de l'historique et du philosophique, des repères temporels m'auraient facilité la tâche.

Ceci dit, tous les personnages fonctionnent très bien. Côté méchants, le passé des deux sorcières est exposé de manière à ce qu'on comprenne leurs actes présents et leur mode de penser. C'est astucieux, frappant, et surtout très efficace. Je n'ai jamais pu les blâmer pour ce qu'elles ont fait ; elles m'ont touchée.

Côté gentils, Hugues a pour charge de s'entourer de Jonas, un artilleur en avance sur son époque ; de Rudolph, un ancien soldat Allemand estropié ; de Damien, un excellent combattant à mains nues ; et de Descartes, le célèbre philosophe. Chacun est unique, tant physiquement que psychologiquement, ce qui fait qu'on les distingue sans problème. Et puis leur intelligence, leur débrouillardise et leur domaine spécifique font qu'ils sont agréables à suivre. Ils forment un groupe très hétéroclite mais ils ont su travailler ensemble, faire une force de leurs faiblesses. J'ai vraiment apprécié voir ces cinq hommes se souder rapidement alors qu'ils se connaissent à peine.

En plus, la plume est délicate et douce, y compris dans les moments sanglants. Résultats : ces scènes passent toutes seules, même pour les âmes sensibles (et je pense rentrer dans cette catégorie). Le style de l'auteur est fluide et très agréable, on n'accroche pas le moins du monde lors de la lecture car il maîtrise très bien la langue française.

En revanche, je n'étais pas du tout en phase avec les extraits des œuvres de Descartes à chaque début de chapitre. Bien que l'idée de trouver dans le roman des extraits des propres bouquins du philosophe me plaisait beaucoup, je n'ai que rarement compris ce qu'ils signifiaient ! Clairement, la pensée philosophique allait trop loin pour moi, étant donné que je lisais sans comprendre. Même après plusieurs relectures de l'extrait, ça restait trop compliqué pour moi.


5/5