Devant l'effondrement: Essai de collapsologie (2019)

Excellent livre, comme Pétrole Apocalypse.

Les premières chapitres, plutôt techniques, expliquent de façon convaincante que nous ne pourrons pas échapper à un effondrement. OnD'autres scénarios existent (NegaWatt, Shift Projectà tout de même plus optimistes que celui présenté par Yves Cochet. Après, il y a tout de même une contradiction dans son raisonnement : Cuba. Pourquoi ? Yves Cochet explique que l'effondrement va provoquer le chaos, alors qu'ailleurs dans son livre, il cite l'exemple de Cuba, privé de l'aide de l'URSS, sous embargo, qui a réussi a s'en sortir.
Une chose est cependant quasi-certaine, le lien entre PIB et énergies fossiles, et on ne peut qu'être convaincu par le graphique linéaire montré dans cet ouvrage, qui pour l'instant montre une augmentation, jusqu'à quand ?
Ce qui est intéressant dans ce livre, c'est que des pistes sont proposées pour gérer la situation après un effondrement (biorégions, faire la police à tour de rôle, entraide...), l'auteur postule qu'après une période de chaos d'une dizaine d'années, s'ensuivrait une réorganisation à l'échelle locale.
On peut tout de même être sceptiques : si l'effondrement est global, le monde sera hétérogène, et tout comme les huns ont finis par arriver en Europe et à pousser des populations vers l'empire romain, on ne vient pas très bien pourquoi la pression migratoire s'arrêterait en cas d'effondrement, car de toute façon le réchauffement est lancé, et de plus en plus de zones, en Afrique par exemple, vont devenir difficiles à habiter, ce qui va pousser les populations vers des zones plus tempérées, comme l'Europe par exemple ; s'ensuivraient guerres, famines...
De même, 10 ans, est-ce suffisant pour améliorer la situation ?
Les gens voudront avoir chaud en hiver, et vont probablement utiliser du bois, ce qui va supposer un déboisement inédit des campagnes, accélérant de façon irréversible l'effondrement, rendant les bio-régions difficiles à appliquer.
De même (voir Homo Domesticus), actuellement les zadistes par exemple, ont été peu impactés physiquement par les forces de l'ordre, quoi qu'on en dise, comment feront-ils en cas d'effondrement face à des invasions brutales, sanglantes, pour leur voler les fruits de leurs cultures, avec morts et blessés (ne pas oublier que contrairement aux idées reçues, les guerres low tech -voir la préhistoire, ou des populations entières étaient exterminées avec des armes blanches- pouvaient être bien plus meurtrières en pourcentage de population que les guerres high tech actuelles.
Je ne sais donc pas si l'optimisme voulu par Yves Cochet, post effondrement, est réalisable. Il vaudrait sans doute mieux tenter une décroissance contrôlée, quitte à utiliser le nucléaire, comme le propose Jean-Marc Jancovici.


5/5