De Gaulle (2019)

Genre: Histoire
Editeur: Le Seuil (22 août 2019)
Pages: 953 pages
Format: ePUB, PDF, Doc, TXT, MP3, KINDLE, FB2
Langue: Français
Descriptions de livres
" Enfin la biographie que ce géant méritait "
Robert Paxton
S'appuyant sur une très large masse d'archives et de mémoires, Julian Jackson explore toutes les dimensions du mystère de Gaulle, sans chercher à lui donner une excessive cohérence. Personne n'avait décrit ses paradoxes et ses ambiguïtés, son talent politique et sa passion pour la tactique, son pragmatisme et son sens du possible, avec autant d'acuité et d'esprit. Des citations abondantes, éblouissantes d'intelligence, de drôlerie, de méchanceté parfois, restituent la parole de De Gaulle mais aussi les commentaires de Churchill et de tous ceux qui ont appris à le connaître, à se méfier de lui ou à s'exaspérer de son caractère vindicatif, de son ingratitude ou de ses provocations...
Aucun détail inutile ici et aucun des défauts de ces biographies-fleuves où l'on se perd, mais une narration toujours tendue, attachée aux situations politiques, intellectuelles, sociales et aux configurations géopolitiques qui éclairent une action et son moment.
Julian Jackson relit cette existence politique hors norme et son rapport à la France à la lumière des questions du passé, qu'il restitue de manière extraordinairement vivace, et de celles qui nous occupent aujourd'hui – et notamment l'histoire coloniale et l'Europe, la place de la France dans le monde, mais aussi évidemment les institutions de la Ve République. En ce sens, c'est une biographie pour notre temps.
C'est aussi une biographie à distance, par un observateur décalé qui mieux qu'aucun autre fait ressortir le caractère extravagant d'un personnage singulier à tout point de vue, extraordinairement romanesque dans ses audaces comme dans ses parts d'ombre, et dont l'héritage ne cesse de hanter la mémoire des Français.

Spécialiste de l'histoire de la France au XXe siècle, Julian Jackson est professeur d'Histoire à Queen Mary, University of London. Sur toutes les listes des meilleurs livres de l'année en Grande-Bretagne, sa biographie de De Gaulle a été couronnée du très prestigieux Duff Cooper Prize.

Commentaires

Son patriotisme mystique, son intrépidité, sa vision mondiale de la guerre, valurent à de Gaulle, dès juin 1940, le soutien de Churchill qui contribua à lancer sa carrière laquelle devait lui permettre, notamment, d'éviter par deux fois (entre 1940 et 1945 et entre 1958 et 1962), la sortie définitive de la France de l'Histoire.
La biographie retracée par l'historien Julian Jackson s'appuie sur les archives anglaises et françaises.Elle brosse le portrait d'une personnalité providentielle pour son pays.Le général était un patriote charismatique mêlant idéalisme et réalisme, courage et ruse, doté d'une force de caractère et d'un génie politique parfois visionnaire.
Lorsqu'il lance son appel du 18 juin 1940,la France est en pleine débâcle,le maréchal Pétain a accepté la veille de signer un armistice qui en fait un pays défait, démembré et occupé dont le gouvernement obéit aux ordres de l'Allemagne nazie. Dès lors, la France est en train de perdre son identité et de sortir définitivement de l'Histoire.
En novembre 1943,Roosevelt n'a pas hésité à évoquer devant son Etat-major l'hypothèse de la création, après la guerre,d'un Etat-tampon entre la France et l'Allemagne. Il envisageait la constitution de la Wallonie qui s'étendrait de la Manche à la Suisse en rognant sur le territoire français. Étrange allié que celui qui pense à dépouiller son partenaire avant la fin des hostilités! Le président des Etats-Unis de l'époque partait, en effet, du principe que la France devait être traitée comme une nation vaincue et non comme un partenaire de la victoire des alliés. Toutefois, de Gaulle était bien décidé à préserver l'intégrité de notre pays à sa libération. Il sut gagner progressivement le respect et le soutien du général Eisenhower, commandant en chef des troupes alliées, qui accepta, notamment, la participation des troupes de la France Libre à la reconquête de l'Italie (Général Juin) à la libération de Paris et de Strasbourg (Général Leclerc) à la reconquête de la vallée du Rhône et de l'Alsace (Général De Lattre de Tassigny).
Ni Churchill,ni Roosevelt, ne croyaient réalisable l'ambition du général de Gaulle de recruter et de rendre opérationnelle une armée dans l'Empire Français qui deviendrait suffisamment puissante pour permettre à la France de recouvrer sa souveraineté perdue. Quant à la population de la métropole, elle était complètement anéantie par l'invasion allemande, diminuée par les nombreux soldats faits prisonniers (plus d'un million) puis, par le million de personnes enrôlées par l'occupant dans le Service du Travail Obligatoire. En outre,les dirigeants des colonies françaises semblaient vouloir rester fidèles au gouvernement du maréchal Pétain.
L'Appel lancé par le général ne pouvait donc avoir et n'eut pas la portée espérée.Il ne lui permit pas de rallier un effectif important de troupes françaises pour réaliser les objectifs ambitieux qu'il avait annoncés et qui furent aussitôt jugés chimériques. Dès lors, le général et les forces françaises libres devaient éprouver tout au long d e la guerre un profond complexe d'infériorité vis à vis de leurs alliés.
Certes, le 28 juin 1940, le gouvernement britannique avait reconnu officiellement le général de Gaulle comme le chef de tous les français libres où qu'ils se trouvent et un accord fut signé entre le général et Churchill aux termes duquel le gouvernement britannique acceptait de financer l'équipement des partisans de de Gaulle contre la promesse d'un remboursement final". Toutefois, si le gouvernement britannique s'était engagé à la restauration intégrale de l'indépendance et de la grandeur de la France à l'issue de la guerre, cet engagement, avait précisé Churchill dans une lettre postérieure " ne visait pas les frontières territoriales de la France"!..
Saint-Exupéry, écrivain et pilote de guerre français, partageait, à l'époque, le point de vue de Churchill et de Roosevelt sur la sortie inévitable et définitive de la France de l'Histoire après la débâcle de juin 1940. Il n'hésita pas, depuis les Etats- Unis, à lancer un appel destiné manifestement à dénoncer la vanité de celui lancé le 18 juin par de Gaulle : "Dites la vérité général,nous avons perdu la guerre, nos alliés la gagneront".
Dès le 4 juillet 1940, les relations entre les forces françaises Libres et notre alliée, la Grande Bretagne, ont failli basculer lorsque les anglais, craignant que la marine française tombe dans les mains des allemands, la bombardent en rade de Mers El Kébir faisant périr 1300 marins français. Or, à la fin août 1940, de Gaulle n'avait recruté que 7000 soldats français dans les F.F.L.Dès lors, sa capacité d'influer sur le cours des événements était quasi nulle. C'est pourquoi il décida d'envoyer immédiatement dans les colonies africaines de la France trois de ses proches collaborateurs : Leclerc; Hettier de Boislambert et René Pleven. Ceux-ci devaient faire preuve de beaucoup de courage de savoir-faire et d'efficacité de telle sorte qu'ils parvinrent à rallier rapidement une grande partie de l'Empire (A.E.F) et purent disposer ainsi de la base territoriale qui manquait à la France Libre pour être crédible vis à vis des alliés. De Gaulle ne put bientôt plus être surnommé "Charles sans Terre!"
Néanmoins, de Gaulle était conscient que, pour Churchill, la France était un pays fini et qu'il voulait faire de lui un simple instrument de sa politique. Aussi, quand il résistait, il entrait en fureur. A cet égard, l'attitude qu'adopta Churchill, la veille du débarquement de Normandie du 6 juin 1944, est significative de sa vision des forces françaises libres. En effet,Roosevelt et Churchill, qui n'avaient pas voulu que les F.F.L.participent au débarquement, ont demandé néanmoins au général de faire un discours en vue de solliciter le soutien de la population française.Naturellement, de Gaulle se montra réticent mais finit par s'y résoudre.Il prononça alors, selon Churchill, "un discours d'autant plus remarquable qu'aucun soldat français ne prenait part au débarquement".En faisant cette remarque Churchill négligeait sciemment le rôle important que devaient jouer, pour la réussite du débarquement allié en France, les maquisards des forces françaises de l'intérieur qui ont fourni aux alliés des renseignements précieux sur les positions, les moyens,les mouvements de l'armée allemande infligeant, en outre, à cette dernière, de nombreux sabotages.A la fin de la guerre, le général Eisenhower estima l'action de la résistance à celle de plusieurs divisions blindées. Surtout, le théâtre des opérations alliées ne se limitait pas au débarquement en Normandie. La veille de celui-ci, le 5 juin 1944, l'armée du
général Juin, forte de quatre divisions françaises, avait débarqué en Italie, et, tandis que que Churchill et de Gaulle se disputaient à Londres à propos du discours à faire pour le débarquement en Normandie, les troupes du général Juin chassaient la Wehrmacht d'Italie au prix de lourdes pertes (32 000 hommes) et faisaient leur entrée victorieuse à Rome. Le député anglais Edouard Spears, chargé de la liaison entre Churchill et de Gaulle, avait compris que de Gaulle était devenu incontournable pour les alliés puisqu'il écrivit à l'époque :
"La personnalité obscure de juin 1940, que la plupart des gens pensaient inutile de soutenir, est devenue une personnalité mondiale. Cette position, de Gaulle n'aurait pu l'obtenir sans l'aide britannique, mais il l'a conquise principalement par ses propres efforts. De fait, c'est l'émergence en France, grâce notamment à la résistance et à son fédérateur Jean Moulin, d'un de Gaulle mythique qui va se révéler son arme la plus puissante. Les britanniques allaient vite comprendre, qu'à l'instar de Frankenstein, ils avaient forgé une créature qu'ils ne pouvaient plus contrôler".
Julian Jackson a bien mis en évidence la cause de la tension et de la dégradation des relations entre la France libre et son alliée la Grande Bretagne : "Churchill n'avait pas imaginé que,dans sa position de dépendance absolue, de Gaulle lui poserait de sérieux problèmes. Ce qu'il n'avait pas compris c'est que l'ambition de de Gaulle n'était pas de mener au combat un groupe de français dévoués à la cause des alliés,mais qu'il considérait que sa mission était d'incarner et de représenter les intérêts de la nation française, c'est à dire de se montrer vigilant à chaque fois que les intérêts de la France seraient menacés y compris par les alliés.Et pour démontrer que la France restait forte, il était prêt à mordre la main de celui qui le nourrit. De Gaulle était convaincu que lui seul était le garant des intérêts de la France et cette conviction était partagée par les forces françaises libres et l'ensemble de la résistance française.
Autrement dit, l'issue de la guerre allait démontrer que Churchill et Roosevelt avaient eu tort d'exclure totalement la possibilité pour la France libre du général de Gaulle de recouvrer, malgré la débâcle de juin 1940, par la mobilisation des ressources de l'Empire français et le courage des combattant des forces française de l'intérieur, sa pleine
souveraineté. C'est cette sous-estimation, voire ce déni, de la capacité de résilience française, auxquels il faut ajouter le plan américain AMGOT d'occupation des territoires libérés par les alliés, qui expliquent que l'Angleterre et les Etats-Unis conservèrent si longtemps leurs relations diplomatiques avec l'Etat de Vichy : jusqu'au 23 octobre 1944, date de la reconnaissance du gouvernement provisoire de la république française.
Le reproche fait à de Gaulle de ne point se départir d'une réserve glaciale qui repousse l'intimité doit certes quelque peu à son tempérament naturel, mais plus encore, au fait qu'il a assumé le destin de la France à des moments tragiques (1940-45, 1958-1962, 1968) où elle a failli sortir définitivement de l'Histoire. La présidence du Comité Français de Libération Nationale et ses relations épiques avec Churchill et Roosevelt avaient appris à de Gaulle que Nietzsche avait raison de qualifier les Etats de monstres froids.
Sa rencontre avec Roosevelt, en 1944, lui inspira cette réflexion : "dans les affaires entre Etats, l'idéalisme y habille la volonté de puissance.La logique et le sentiment ne pèsent pas lourd en comparaison des réalités de la puissance, ce qui importe c'est ce que l'on prend et ce que l'on peut tenir. La France ne doit, pour retrouver sa puissance, compter que sur elle-même." Cependant, le 8 mai 1945, lors de la capitulation allemande, la France est représentée par le général de Lattre de Tassigny. Julian Jackson écrit : "remarquable victoire pour la France après l'humiliation de 1940, et pour de Gaulle dont l'objectif du rétablissement de la souveraineté de la France annoncé le 18 juin 1940 est atteint tant sur le plan territorial qu'international (siège au Conseil de sécurité de l'ONU, zone d'occupation en Allemagne) et cela nonobstant l'incrédulité initiale, puis l'opposition, de son principal allié les Etats-Unis!.


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