L'Ogre (2019)

Plusieurs retours très positifs m’avaient convaincue qu’il ne fallait pas passer à côté de ce « l’ogre » de Louis de Mauboy.
La couverture parlait d’elle-même et je me suis laissée guider par la plume de l’auteur.
Evidemment, l’intrigue sur fonds de darknet, de trafics d’enfants livrés aux fantasmes de détraqués pédophiles ne nous emmène pas au Pays des Bisounours ! on est plus proche d’un univers torturé à la Barbe bleue à la sauce Tim Burton que de la candeur des contes de notre enfance.
Trois ados de banlieue, en plein tsunami hormonal, vont être précipités dans la toile de l’ogre, en surfant, malgré les interdits parentaux, sur la toile du célèbre réseau social FB, appâtés par une adolescente issue d’un pseudo milieu aisé. Une crédulité et une candeur adolescentes qui vont les conduire tout droit en enfer.
Dès la première page le ton est donné et on découvre que l’ogre est parfaitement intégré dans son quartier et au dessus de tout soupçon. Et Louis de Mauboy est « cash » on peut s’attendre au pire.
Puis, l’auteur nous dépeint avec finesse et justesse l’environnement de chacun des personnages principaux, puis l’on découvre le « hameçonnage », l’inexorable piège qui se referme sur eux. On partage l’angoisse et le désarroi des familles face aux forces de l’ordre convaincues d’une fugue adolescente et aux appels des détraqués de tout poil après les avis de recherche. On subit avec les adolescents séquestrés la manipulation mentale de l’Ogre et l’on assiste le coeur au bord des lèvres aux sévices innommables que l’ogre leur inflige. Pour la suite, plaise à vous de lire ce thriller
Mais le talent de Louis de Mauboy est d’avoir su mettre des mots sur l’innommable, l’indicible, perpétré par l’engeance de notre société dite civilisée. Et ce, sans jamais verser dans le graveleux, le salace, le voyeurisme, laissant à notre imagination le soin de susciter en nous l’effroi, la sidération. A mon humble avis, aucune scène n’est gratuite et si cela suscite l’aversion et l’écœurement du lecteur c’est uniquement par le fait que les adultes que nous sommes sont malheureusement convaincus que ces crimes contre-nature ont lieu un peu partout dans le monde (N’ a-t-on pas entendu parler dernièrement d’un juge français suspecté de vendre les photos de sa propre fille sur le darknet et les réseaux pédophiles.)
Beaucoup ont commenté ce thriller en disant « âmes sensibles s’abstenir » en craignant que les parents d’ados ne tiennent pas le choc : pour ma part, je pense, qu’au contraire, tous les parents d’ados devraient lire « l’ogre » ne serait-ce que pour les sensibiliser, encore davantage, aux dangers du deepweb mais aussi du net à la portée de chaque adolescent pour qu’ils puissent mettre en garde leurs enfants sur le miroir aux alouettes des réseaux sociaux où le meilleur côtoie le pire.
En tout cas, je serai immanquablement au rendez-vous du deuxième roman de Louis de Mauboy s’il compte persévérer dans cette voie .

5/5