Némésis (Folio) (2014)

Avec cet ultime roman, le 31ème, publié 8 ans avant sa mort en 2018, Philip Roth clôt un brillant parcours littéraire commencée 51 ans plus tôt.
L'histoire de ce roman sombre se situe en 1944.
A l’intérieur de cette temporalité, l’auteur fait se télescoper la peur provoquée par l’épidémie saisonnière de poliomyélite qui frappe une nouvelle fois cet été des enfants et des adolescents de la ville de Newark et l’insouciante atmosphère d’un camp de jeunesse situé dans un cadre de nature où des jeunes s’initient à la culture amérindienne tout en pratiquant des activités sportives pendant que, sur les continents, d’autres jeunes encore à peine plus âgés combattent et souvent meurent dans les combats de la deuxième guerre mondiale contre les armées allemandes pendant la campagne de France.
Le héros du livre, Bucky Cantor, jeune homme sportif mais réformé contre son gré pour cause de forte myopie lorsqu’il veut s’engager dans les Marines après l’attaque de Pearl Harbour sera celui à travers lequel ces trois composantes vont se trouver reliées.
Placé sous le signe de Nemesis, la déesse de la juste colère des dieux grecs, ce dernier roman de Philip Roth est difficile à interpréter.
Bucky Cantor en fin de compte est-il puni par le destin pour avoir trahi son engagement auprès des enfants de son quartier dont il assurait l’encadrement sportif durant les vacances ou est-il plutôt une victime de son dévouement couplé à un sens de l’honneur exacerbé ?
Au terme de la lecture de ce roman souvent poignant, il appartient à chacun de se faire sa propre opinion à moins de considérer que le message de Philip Roth c’est justement qu’il n’y a souvent pas de réponse à la question lancinante et culpabilisante du « Pourquoi ? »


5/5