Starmustang (2013)

Editeur: Christophe Sirchis; Édition : 2013 (27 février 2013)
Pages: 750 pages
Format: ePUB, PDF, Doc, TXT, MP3, KINDLE, FB2
Langue: Français
Descriptions de livres
Christophe Sirkis rend  hommage à son frère Stéphane.

Une silhouette floue dans les contours d’une guitare. Ce n’est plus un enfant, pas encore un adolescent. Il marche regard baissé, dos à la mer, il rumine peut-être une punition, ou autre chose, il sera bientôt rebelle.

Quantité de citations rappellent que nous sommes, adultes, ce que l’enfance a fait de nous. Le mustang est ce cheval sauvage magnifique quand il court dans les plaines, on ne peut l’arrêter, difficile de le dompter. La Mustang est cette voiture mythique que Steeve Mac Queen conduit dans Bullit. Une fois l’engin dompté, on a du mal à s’arrêter.

La Mustang, c’est aussi une petite guitare pas chère, la moins chère des vraies guitares électriques. « On aurait presque pu en acheter une si on avait économisé longtemps ». C’est une guitare sauvage, pleine de difficultés mais aussi de qualités qu’aucun autre instrument ne recelle, pour peu qu’on l’apprivoise. C’était la guitare de l’Aventurier, jouée par Dominique. Et aussi celle de Stéphane Sirkis…

Star, l’étoile rouge à 5 branches, c’est celle de ses convictions sociales et humanitaires. Starmustang dévoile le témoignage de Christophe Sirkis, le frère de Stéphane et Nicolas,  un complément obligatoire pour que chacun puisse comprendre la véritable histoire des trois frères. celle qui n’a jamais encore été racontée. Un hommage très particulier, précise Christophe, car il fallait aussi rendre justice à la mémoire de Stéphane Sirkis, décédé le 27 février 1999. Pour la première fois révélé, le texte intégral et non censuré de cette histoire qui dérange mais qu'il faut assumer.

"J'ai reconstitué le manuscrit original tel que je voulais qu'il soit publié en février 2009 pour les 10 ans de la disparition de Stéphane. Starmustang 2013 contient des photographies inédites issues de mes archives et de documents qui ont été miraculeusement sauvés de la destruction. Il est également complété par des témoignages vidéo issus des dizaines d'heures d'entretiens qui ont pu être enregistrés et qui sont régulièrement complétés par des mises à jour. Au sein du récit, des liens permettent au lecteur de revivre notre passion pour la musique avec les titres que nous avons découverts dès notre prime enfance."


Commentaires

Il n'y a certes pas besoin de lire Starmustang pour se rendre compte que quelque chose ne va pas chez Indochine. Ceux qui ont une âme de chercheur, qui apprécient de passer du temps à voir et revoir les nombreux documents disponibles à propos de ce groupe - documentaires, livres, émissions, concerts, enregistrements - ne peuvent que finir par voir grandir sous leurs yeux sa grande part d'obscurité, ainsi le nombre de questions irrésolues autour de ce qui a fait le parcours d'Indochine, notamment au cours des peu référencées années 90.

« C'est le public qui a fait ce que nous sommes devenus », proclame Nicola Sirkis aujourd'hui. Pas besoin de lire Starmustang pour se rendre compte de l'opportunisme de celui que ses amis « journalistes » qualifient de visionnaire, et que des personnes qui ne connaissent que lui qualifient de plus grand artiste français (!). Ce qu'est devenu Indochine, en plus de l'usurpation du nom, Nicola Sirkis ne le doit qu'à lui-même, et il n'y a pas besoin de lire Starmustang pour se rendre compte de l'égoïsme, l'opportunisme, l'hypocrisie et parfois l'inhumanité dont il a fait preuve pour ramener le nom « Indochine » sur les premières pages des magazines.

« Pour ça, on lui doit le respect », poursuit-il. « Respect », un mot sans cesse repris par le public lui-même, et qui se voit ici vidé de son sens comme rarement il l'a été, comme tant de mots aujourd'hui à l'ère du réseau social : vite lu, vite réécrit, jamais réfléchi. Ceux qui ont fait l'expérience des fans d'Indochine lors de concerts, sur des forums ou sur les réseaux sociaux savent que leur conception du respect leur est bien particulière, et à quel point il est vain de tenter avec eux quelconque réflexion approfondie - à seulement quelques exceptions près. Starmustang nous confirmera que la conception qu'a Nicola Sirkis du respect est assez proche de celle de ses fans.

Pas besoin de lire Starmustang pour se rendre compte que quelque chose pue dans Indochine.

Mais à propos de Starmustang, il vient un jour où il faut cesser de répéter l'éternel argument, bien trop facile, qui consiste à dire que le linge sale se lave en privé. Une manière acceptable et rassurante de dire qu'on ne veut pas savoir, et qu'on ne veut pas toucher à la place qu'Indochine a prise pendant tant d'années. On ne veut pas penser qu'un jour peut-être on sera déçu, et on videra son indo-étagère, sur laquelle trônent les disques d'Indochine et les livres dont ils ont parlé, et avec eux notre illusion d'être devenu une sorte d'esthète. Parce qu'un jour on a cru Nicola, pour qui un visuel bien fichu suffit à construire toute une illusion. Si un jour on veut savoir, il faut lire Starmustang.

Starmustang est divisé en trois parties, et la première est dédiée aux nombreux souvenirs d'enfance de Christophe. Il est très intéressant de découvrir l'histoire de la famille Sirchis, et quel a pu être le contexte familial dans lequel ont grandi les trois frères. Christophe aura pris soin pour cette version Kindle de joindre un certain nombre de photos de famille, et même s'il m'est arrivé de me sentir comme fouillant en cachette dans les archives d'une famille qui n'est pas la mienne, il était important pour l'auteur de « contextualiser » à travers ces récits familiaux ce qu'il allait décrire par la suite. On en apprend sur les uns et les autres à travers diverses analyses et anecdotes, sur les personnalités des parents et des trois frères. Même si certaines analyses à propos de Nicolas et Stéphane sont clairement anglées, Christophe Sirchis ne fait état d'aucun acharnement ni d'aucune paranoïa comme on a pu le lire de la part de certains jeunes esprits' Le style est soigné, le ton calme. Nicolas ne constitue même pas le centre du livre, il n'est que comme un personnage secondaire un peu encombrant dont on saisit l'influence au fil des pages. Certains passages sont réellement poignants, et rappellent au lecteur à quel point certaines expériences peuvent être douloureuses au sein d'une famille, surtout quand il y a un enfant préféré.

J'ai aussi pris connaissance avec plaisir des nombreuses références musicales et cinématographiques que Christophe cite le long du texte, et Kindle lui a permis d'insérer des liens directs via les plateformes Youtube ou Dailymotion. Elles donnent un solide aperçu du paysage musical qui était celui des frères Sirchis' Enfin, de Christophe et Stéphane, puisque pendant l'adolescence Nicolas semblait passer plus de temps devant la glace qu'à forger son oreille, lui qui prétend aujourd'hui être un enfant des radios libres, et qui n'est toujours pas plus musicien qu'il y a trente ans.

Le récit que Christophe fait des années 80 décrit son point de vue sur la construction du groupe Indochine, autour d'un musicien génial mais discret, d'un chanteur sans talent voyant se réaliser son rêve de devenir une star, mais surtout de collaborateurs véreux et d'intéressés en tous genres. Dans sa grande sagesse, Jean Sirchis conseillait déjà à cette époque à son fils Stéphane de faire autre chose, et d'éviter Nicolas qui ne lui apporterait « que des problèmes ». De 1988 à 1994, Christophe s'éloigne de ses frères et de tout ce qui peut évoquer Indochine.

Dans la troisième partie du livre nommée « Le bal des vampires » et dédiée aux années 90, Christophe retrouve Stéphane. Le livre va en s'assombrissant, l'abjection défile de la part des uns et des autres, et toujours, partout, touche en priorité ceux qui ont les crocs les moins acérés. Une époque et un milieu manifestement trop violents pour qu'un homme de paix comme Stéphane Sirchis puisse vivre en paix, et réaliser en paix ce qu'il souhaitait alors réaliser. Manipulations au sein de sa propre famille, copines malveillantes et intéressées, leader autoproclamé d'un groupe qui ne pense qu'à l'argent, magouilles du showbiz' On suit avec difficulté le long déroulé de ces années qui ont vu Stéphane être réduit sur scène à de la figuration, et finir dans un minuscule pavillon délabré de Bagneux, au sud de Paris. Jamais aidé, jamais valorisé. Certains passages sont déchirants, et on apprend des choses qu'on n'aurait pas imaginé auparavant ' je laisse bien sûr aux curieux le soin de lire attentivement ce livre, et le leur conseille vivement. Si vraiment la lecture n'est pas votre activité préférée, sachez que de nombreux entretiens de Christophe, de son père Jean Sirchis, d'un certain nombre d'amis de Stéphane et de proches du groupe dans les années 90 sont disponibles sur les plateformes de vidéo en streaming.

A ceux qui comme moi se posaient tant de questions à propos de Nicola Sirkis et de la curieuse évolution du groupe depuis le départ de celui dont Indochine était le bébé : Dominique Nicolas. Pourquoi Nicolas a-t-il ce goût pour le showbiz, le faste, les artifices, lui qui joue le rebelle ? Pourquoi se contredit-il si souvent ? Pourquoi fait-il tant d'erreurs et d'approximations, lui qui se présente comme un homme de culture ? Pourquoi en est-il là, lui qui n'est même pas musicien ? Pourquoi sa parole est-elle si déterminante pour tout ce qui se passe, même quand ses collaborateurs ne semblent pas le suivre ? Pourquoi Stéphane n'a-t-il pas pu réaliser ses projets, que ce soit au sein d'Indochine ou à l'extérieur ? Pourquoi était-il tant relégué au second plan, même après le départ de Dominique ? Pourquoi n'a-t-il pu se sortir de l'alcool et de la drogue ? Pourquoi n'entend-on jamais sa guitare, lui qui était si bon musicien ? A ce sujet, qu'Indo Live soit aujourd'hui encore proposé à la vente dans les magasins de produits culturels est scandaleux (Voir les excellentes démos de Stéphane postées par Christophe Sirchis sur son compte Youtube, bien supérieures à tant d'horreurs gardées au finalcut pour Indochine). Pourquoi, et de plus en plus, Nicola Sirkis fait-il à ce point n'importe quoi ? Pourquoi ses versions, et les livres qu'il a supervisés sonnent-ils aussi faux, notamment quand il s'agit de son frère ?

Toutes les réponses sont là : à la lecture de Starmustang, fruit de longues recherches, d'analyses posées, d'entretiens avec ceux qui ont côtoyé Indochine et/ou Stéphane de près, tout fait sens. On se rend alors compte à quel point les documents officiels sont loin de la réalité et ne sont destinés qu'à faire de l'argent sur l'inculture des fans, créer de la légende et du rêve sur le vide de leur existence... Ceux-là mêmes qui sont prêts à acheter des chaussettes et des parapluies pour peu que le logo « Indochine » y soit apposé. Ceux-là mêmes qui déversent leur haine sur Christophe Sirchis, qui a eu le courage incroyable de raconter cela, tout ça parce qu'il représente un frein à leurs illusions d'adolescents et même d'adultes (!) immatures' Heureusement qu'un tel document a pu être rendu disponible, et même s'il est plus difficile à accepter que de beaux discours aseptisés, il n'est motivé par aucune jalousie. Christophe se fiche éperdument de monter sur une scène mais garde en lui cette volonté de rendre justice à un frère, bien oublié de celui qui s'apprête à jouer à Brooklyn aux côtés des barons de Tidal. Bien plus qu'un réquisitoire contre Nicola Sirkis, Starmustang est surtout une leçon de vie, à une époque où chacun devient de plus en plus individualiste, et où il est de plus en plus difficile d'apprendre aux enfants et aux adolescents qu'il faut résister aux nombreuses tentations qu'offrent un monde quasi-entièrement numérisé, orchestré par des décideurs avares et des médias rarement fiables. Une leçon de vie très violente, mais tellement plus juste que tant d'autres discours, notamment les embobinages de Nicolas tels « On oubliera ceux qui ne comprennent pas » (issu du titre « Crash me », 2005), qu'on retrouve en banderole de tant de blogs et pages de fans, partout, dans tous les coins de la francophonie.

Cela dit, j'ai pu constater que Christophe Sirchis avait aussi droit à quelques « militants » hystériques, pas plus réfléchis que les fans de son petit frère, des sortes de fans d'Indochine inversés pour qui l'essentiel reste que leur combat tourne autour d'un Sirchis/Sirkis' Christophe mérite pourtant des soutiens plus crédibles que ces coléreux pas davantage capables de raisonner de façon approfondie que les premiers rangs d'un Stade de France. Certes, Starmustang est un livre marquant, il est difficile de résister à la tentation d'en dévoiler des passages ici et là, et de se proclamer comme faisant partie de « ceux qui savent ». Moi-même, « indophile » acharné depuis de nombreuses années, j'ai longtemps glissé comme sur une légère pente savonneuse vers des critiques certes de plus en plus acerbes envers Nicola Sirkis et Indochine, mais qui me semblaient aussi de plus en plus fondées au fil du temps. Starmustang a confirmé énormément de choses. Mais ce n'est pas parce qu'Internet nous ordonne de nous exprimer qu'il faut le faire, ou au moins réfléchissons un minimum a priori.

Une erreur parmi d'autres serait de penser que Nicola Sirkis est un cas isolé. Le monde de la musique - et de la culture en général - est pétri de gens aussi calculateurs que lui, autant à son échelle qu'au sein de milieux plus confidentiels : car croire que les gens sont plus sincères dans les niches reste illusoire. Partout, chacun cherche à creuser son trou sans craindre de heurter les autres. Reste que Nicola Sirkis semble particulièrement se distinguer à travers le fossé intersidéral présent entre l'image qu'il veut renvoyer et la réalité. Je me rappelle aussi ce que disait Fabien Pellegrini, webmaster d'Indo.fr de 1996 à 2005, peu connu des fans d'aujourd'hui.

« [...] De loin, une étoile c'est beau, mystérieux et un peu magique. De plus près ça réchauffe et ça fait du bien, mais ça peut parfois donner des coups de soleil. De trop près on se rend compte que c'est un astre monstrueux boursouflé d'explosions nucléaires qui avale tout sur son passage pour sa propre survie. Rien de magique, rien de joli.
Juste une machine égocentrique en recherche de plus d'euro carburants... et qui n'a que faire des gens qu'elle éclaire. [...]»

Nicola Sirkis a très tôt compris qu'il suffisait de dire aux moutons « Je suis un homme bon » pour qu'ils le croient et se mettent même à le revendiquer. Stéphane, lui, était vraiment quelqu'un de bon, de réfléchi et d'honnête, en plus d'être talentueux. Et comme tant de gens honnêtes, il s'est fait bouffer. La mort d'un homme, mais aussi la mort du sens de tant de choses, c'était donc ça l'odeur. On comprend alors mieux la prodigieuse capacité d'Indochine à attirer dans ses rangs un si grand nombre de personnes limitées, malsaines et/ou malveillantes.
Teu heu heu !

4/5

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