Sept pas vers l'enfer. Séparatisme islamique : les désarrois d'un officier de renseignement (2022)

Dans un livre assez court (un peu plus de trois cent pages seulement) mais très synthétique, avec une hauteur de vue bienvenue, l’ex-chef du service de renseignement de sécurité à la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure) Alain Chouet analyse et dissèque les sept étapes qui conduisent un pays jusqu'à l'islamisme radical (d’ou le titre « Sept pas vers l’enfer »).
Il y décrit la réalité du danger islamiste en France pour mieux nous entretenir du terrorisme qui en découle comme nouveau « mode d'expression des conflits », loin d’être finalement « un accident de l’histoire » comme souvent annoncé.
Car, comme le précise l’auteur, cela fait 40 ans que le phénomène terroriste est traité étrangement par les pouvoirs politiques, non seulement en France, mais aussi partout dans le monde laissant penser que les gouvernants n'y comprennent rien.
Ainsi après une vague de terrorisme, les gouvernements ne s'en occupent plus et passe à d’autres sujets. Alors que l’état du monde tout particulièrement depuis 1990, consacre un monde unipolaire totalement dominé par la puissance militaire et technologique des États-Unis, de l'OTAN et de leurs alliés et que la seule façon de contester cette domination, apparaît être la stratégie dire du « faible au fort », dont le terrorisme est l'élément essentiel. Un terrorisme qui est donc loin d’être un accident de l'histoire, mais bien plutôt un mode ordinaire d'expression des conflits.
Face à ce constat, Alain Chouet nous rappelle que la France ne dispose plus de tous les atouts essentiels pour faire face. Il cite ainsi les divisions du pays en communautés diverses, revendicatrices, crispées sur leurs droits spécifiques.
Ce ne sont plus uniquement des musulmans ou des Maghrébins dont il s’agit mais encore des femmes, des homosexuels ou des agriculteurs.
La France se segmente, dans la tradition américaine et l'esprit « woke », revendiquant pour chaque minorité se considérant à part et avec des droits spécifiques, auxquels la majorité doit reconnaître le traumatisme. Tout cela contredit l'universalisme français, la laïcité, ou encore la non-distinction de la communauté nationale en communautés spécifiques.
Ce sont l’ensemble de ces erreurs de jugement et d'application de nos gouvernants qui ont fait l'affaire des pouvoirs politiques salafistes, des Frères musulmans, des wahhabites d'Arabie saoudite ou même d'Erdogan et ses islamo-nationalistes.
À partir du moment où l’on distingue une communauté musulmane en la désignant comme une victime, on entre alors dans une forme de cercle vicieux. L'idéologie victimaire est la première façon de faire reconnaître le droit à une minorité. Les islamistes ont évidemment joué de cet argument pour faire avancer leurs idées et revendications.
L'objectif des Frères musulmans n'est pas d'islamiser la planète entière comme le rappelle Alain Chouet.
Ce qu'ils veulent, c'est dissuader les musulmans de France de toutes dérives vers les pensées démocratiques ou des Lumières, ou encore l'esprit critique, afin de mieux les dominer pour in fine assurer une forme de pouvoir sur eux qui aura pour conséquence de peser sur l’équilibre de la société en l’orientant vers la vision qu’ils portent en eux…
Ce livre très argumenté et porte par un auteur qui a voué une partie de sa vie a suivre ces phénomènes inquiétants, présente une incontestable cohérence qui interroge légitimement son lecteur sur l’avenir d’une société travaillée en interne par des forces et des volontés déstabilisatrices. Il est à ce titre passionnant tout autant qu’inquiétant…



5/5