Un Occident kidnappé. Ou la tragédie de l'Europe centrale (2022)

Editeur: Editions Gallimard (4 novembre 2021)
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Langue: Français
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Aussitôt paru dans Le Débat, en novembre 1983, cet article, traduit dans toutes les langues européennes, a sonné comme un plaidoyer et une accusation.
Plaidoyer pour la défense de l’Europe centrale (Hongrie, Pologne, Tchécoslovaquie), qui par sa tradition culturelle appartient tout entière et depuis toujours à l’Occident, mais que celui-ci ne voit plus qu’à travers son régime politique, ce qui n’en fait qu’une partie du bloc de l’Est. Une culture qui n’est pas l’apanage d’une élite, mais la valeur vivante autour de laquelle se regroupe le peuple.
Une accusation, car la tragédie de ce foyer des "petites nations", qui se savent périssables, est en fait celle de l’Europe elle-même qui ne veut pas le voir et ne s’est même pas aperçue de leur disparition.
N’est-ce pas là un des signes de sa propre disparition ?
La valeur du texte ne vient pas seulement de son habileté démonstrative, mais de la voix si personnelle, véhémente, angoissée de l’auteur, Milan Kundera, qui apparaît alors comme un des plus grands écrivains européens.
Le voilà remis à la disposition du lecteur d’aujourd’hui, présenté par Pierre Nora, et précédé d’un texte inconnu du public français, le discours du jeune Kundera au Congrès des écrivains tchécoslovaques de 1967, en plein Printemps de Prague, présenté par Jacques Rupnik.

Commentaires

Trop longtemps le drame de l’Europe centrale a été celui de petites nations mal assurées de leur existence historique et politique. Tandis que, après 1945, l’Occident ne la voyait plus que comme une partie de l’Union soviétique.
C’est dans ce contexte que le grand écrivain Milan Kundera, pourtant connu pour sa relative discrétion, a mené un illustre discours au congrès des écrivains tchécoslovaques en 1967 à la veille du Printemps de Prague, puis écrit un plaidoyer dans la revue Le Débat en 1983, qui a fait parler de lui et sonné l’éveil de beaucoup de consciences. Ce sont ces deux textes qui sont repris dans ce petit volume paru chez Gallimard.

Au moment où la nation ukrainienne s’inscrit en résistance contre l’invasion russe en cette terrible année 2022, il n’est pas inintéressant de revenir sur ces textes, qui montrent l’importance de la résistance par les idées et la culture, ciment qui marque l’identité d’un peuple et son désir de résister coûte que coûte à ceux qui voudraient faire disparaître cette identité et les libertés qui vont avec.

Le premier texte qui le compose est le discours de 1967 au congrès des écrivains tchécoslovaques. Il y évoque la non-évidence de l’existence de la nation tchèque, qui est l’un de ses attributs majeurs. Malgré une résurrection de la langue tchèque, alors presque oubliée, grâce à une poignée d’écrivains au début du XIXème siècle, la question du rattachement à une plus grande nation, l’Allemagne, s’est posée. Mais d’autres grands écrivains ont permis par la suite de consolider cette culture, puis de la renforcer et la faire grandir. Jusqu’à ce que l’Occupation durant la Seconde guerre mondiale, puis le stalinisme, brisent le fragile édifice.

Il n’a tenu une nouvelle fois qu’à une nouvelle poignée d’écrivains et cinéastes de renouer avec cette identité tchèque. Et c’est ce qui constitue le centre de l’intervention de Kundera à travers son discours ce jour-là : préserver l’identité nationale par la culture, la création, les échanges culturels internationaux.

Le second texte est, quant à lui, paru en 1983 dans la revue Le Débat. Traduit dans plusieurs langues, il a connu un certain retentissement à l’époque. Milan Kundera y évoque les soulèvements pour la liberté de Budapest et de Varsovie en 1956, puis de Prague et de nouveau Varsovie en 1968. Qui, dans la logique de son discours de 1967, inscrit la force de l’identité culturelle comme marqueur essentiel de la révolte des peuples.

S’inscrivant dans une perspective historique, Kundera analyse en particulier les effets de la russification et de l’asservissement à la Russie pendant deux siècles sur des peuples comme la Pologne. Qui ont créé du ressentiment.
Pendant longtemps, écrit-il, les nations d’Europe centrale rêvaient d’une alliance à l’Ouest-Européenne, faite du respect des diversités. A rebours du rêve russe d’uniformité.

Sans renier l’existence d’une identité culturelle commune, à travers en particulier les grands écrivains et les opéras russes, contrecarrés cependant par les « vieilles obsessions antioccidentales de la Russie », ranimées par le communisme.

Dans cet écrit de 1983, Milan Kundera interroge surtout les causes de la tragédie qui a conduit Polonais, Tchèques, ou encore Hongrois, à disparaître de « la carte de l’Occident ».

La disparition du foyer culturel centre-européen, qui est passée inaperçue aux yeux de l’Europe – sujet essentiel au centre de la préoccupation de Kundera dans cet article – aurait pour origine le fait que l’Europe ne ressent plus son identité comme une unité culturelle. De même qu’auparavant la religion avait cessé d’être ce ciment commun.

Deux textes très intéressants à méditer, pour mieux réaliser l’importance de l’histoire et de la culture sur ce qui imprègne les peuples et détermine notre présent comme notre avenir, au-delà de notre tendance aux simplifications abusives et à notre culte de l’immédiat.  

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