Homo Domesticus (2019)

Editeur: La Découverte (10 janvier 2019)
Pages: 423 pages
Format: ePUB, PDF, Doc, TXT, MP3, KINDLE, FB2
Langue: Français
Descriptions de livres
Servi par une érudition étourdissante, une plume agile et un sens aigu de la formule, Homo domesticus nous offre une synthèse brillante et sans équivalent de l'histoire des premiers États, de la naissance de l'agriculture aux premiers centres urbains, démontant implacablement le grand récit de la naissance de l'État antique comme étape cruciale de la civilisation humaine.
Aucun ouvrage n'avait jusqu'à présent réussi à restituer toute la profondeur et l'extension universelle des dynamiques indissociablement écologiques et anthropologiques qui se sont déployées au cours des dix millénaires ayant précédé notre ère, de l'émergence de l'agriculture à la formation des premiers centres urbains, puis des premiers États.
C'est ce tour de force que réalise avec un brio extraordinaire
Homo domesticus. Servi par une érudition étourdissante, une plume agile et un sens aigu de la formule, ce livre démonte implacablement le grand récit de la naissance de l'État antique comme étape cruciale de la " civilisation " humaine.
Ce faisant, il nous offre une véritable écologie politique des formes primitives d'aménagement du territoire, de l'" autodomestication " paradoxale de l'animal humain, des dynamiques démographiques et épidémiologiques de la sédentarisation et des logiques de la servitude et de la guerre dans le monde antique.
Cette fresque omnivore et iconoclaste révolutionne nos connaissances sur l'évolution de l'humanité et sur ce que Rousseau appelait " l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes ".
La préface de cet ouvrage est rédigée par Jean-Paul Demoule, spécialiste du Néolithique et de l'âge du Fer, professeur émérite de protohistoire européenne à l'université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne, et l'auteur d'une vingtaine d'ouvrages, parmi lesquels
Mais où sont passés les Indo-Européens ? Aux origines du mythe de l'Occident et, avec Dominique Garcia et Alain Schnapp (dir.),
Une histoire des civilisations. Comment l'archéologie bouleverse nos connaissances

Commentaires

C’est l’histoire d’un livre qui remet dans la logique un récit qui ne l’est pas. Et c’est son grand atout. Quand on y réfléchit le récit traditionnel de la préhistoire de l’homme ne tient pas debout. Subitement, un beau jour, Homo Sapiens fait pousser des céréales et hop le voila dans sa petite maison avec sa petite femme à manger du pain et à se mettre en route sur le chemin de la civilisation.

En se basant sur les dernières découvertes notamment en Mésopotamie mais aussi et surtout sur finalement juste du bon sens « Homo Domesticus » fait un récit beaucoup plus réaliste. Pendant des millénaires les hommes ont survécu avec ce qu’ils ont pu. Un peu de chasse, un peu de cueillette, de l’agriculture sur brulis ou sur limon d’inondation, de l’agriculture de labour, de l’élevage, un peu tout mélangé ou très spécialisé selon les moments. Et avant 1600 la majorité des hommes n’étaient ni sédentaires ni membres d’une communauté assez organisée pour ressembler à un état. En gros l’homme s’est démerdé avec ce qu’il a trouvé pendant 99% de son histoire.

Et puis, parfois, il s’est installé, et ce choix qui n’était pas forcément le meilleur en terme de difficulté (un chasseur/agriculteur/éleveur nomade « bosse » moitié moins de temps qu’un agriculteur sédentaire pour produire la nourriture dont il a besoin) a ouvert des horizons pas forcément prévus. En se regroupant il est tombé malade, comme son bétail, avant de développer de quoi résister à ces nouvelles maladies. Et il est devenu aussi plus grégaire, plus docile , plus conformiste, plus fragile. Il s’est auto-domestiqué. Il est aussi, rapidement, tombé en esclavage d’un groupe leader, aux méthodes mafieuses classiques : « Pognon pour sécurité ». Et l’Etat est né.

Un peu comme dans « Telegraph Road » de Dire straits on connait la suite : “ Then came the churches, then came the schools. Then came the lawyers, then came the rules”. Religions, nations, écriture, impots et lois. Pour le meilleur et le pire. Surtout le pire d’ailleurs quand, en sortant du traditionnel récit écrit par les « vainqueurs » on s’aperçoit que le meilleur choix était en général de fuir et de redevenir nomade si on voulait vivre bien et vieux. Et de rappeler que la Grande Muraille a surtout été construite pour empêcher les chinois de fuir les impôts et les soldats des empereurs ou que ce que Spartacus et ses amis voulaient c’était juste de pouvoir se tirer de l’Empire romain !

A rebrousse-poil de Cain et Abel on se rend compte que le pasteur nomade est l’homme libre depuis des millénaires et que l’oppression avant celle des armes, des nations et des idéologies a d’abord été celle des grains. En se mettant aux céréales (blé, riz, mais, millet…) l’homme a fermé ses propres chaines en créant l’impôt avec une denrée qui se divise à l’infini, se partage, se taxe, se stocke et se conserve. Ces constats posés avec de beaux arguments et une grande logique on se met à réfléchir différemment sur certains épisodes de l’histoire. La conquête de l’Amérique devient une immense fuite de populations ne voulant pas des états « modernes », les « barbares » de toutes époques deviennent beaucoup plus sympathiques et les organisations décentralisées définitivement plus logiques.

Ceci-dit, le livre pourtant finit par se perdre dans une dissertation un peu vaine sur « l’âge d’or barbare » et sur des comparaisons touffues et sans vrai fil conducteur entre les différentes organisations humaines. Entre esclavage, guerres, pillages, grandeurs et décadences des empires, soubresauts historiques, on ne voit pas trop où l’auteur veut aller une fois qu’il a remis les choses à leur place. Comme l’homme s’est lui-même piégé (avec certains animaux), l’auteur s’est piégé dans son sujet en essayant de le porter plus loin dans la réflexion ou plus près de nous dans le temps. Non l’homme ne peut pas redevenir une espèce de petits groupes nomades ruraux opportunistes comme il était génétiquement prévu qu’il soit, l’homme est aujourd’hui un Homo Domesticus, OGM d’Homo sapiens, citadin, social et bêtement moutonnier.

Comme le dit le Boss (oui j’assume les citations pop music aujourd’hui) l’homme est un peu le gars de « Hungry Heart »: « Like a river that don't know where it's flowing I took a wrong turn and I just kept going”. Nous ne reprendrons pas le lit où nous devions couler mais cela n’empêche pas de penser qu’en nous dort un homme libre, celui que nous avons été pendant pratiquement toute notre histoire et qu’il serait bon parfois de s’en souvenir quand la rivière de l’étatisme collectif grossit, vague inhumaine qui déjà souvent a noyé bien trop d’hommes dans ses excès.


5/5

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