Jane Campion par Jane Campion (2022)

Editeur: Cahiers du cinéma; 1er édition (18 février 2022)
Pages: ‎ 208 pages
Format: ePUB, PDF, Doc, TXT, MP3, KINDLE, FB2
Langue: Français
Descriptions de livres
Jane Campion par Jane Campion propose un regard unique sur le processus créatif de l’une des plus grandes cinéastes contemporaines, à travers une série d’entretiens réalisés depuis ses débuts à ses projets les plus récents par Michel Ciment. Chaque chapitre contient l’analyse d’un film, des courts métrages réalisés pendant ses études de cinéma à l’Australian Film Television and Radio School à son dernier film The Power of the Dog (2021). Une étude biographique et un essai général mettent son œuvre en contexte.
Chronologiquement organisés film par film, les entretiens sont illustrés par des photographies de tournage et de plateau, des photogrammes ainsi que par des scripts annotés, des story-boards et des documents personnels confiés par Jane Campion. L’ouvrage reproduit également trois nouvelles et un texte sur le poète John Keats écrits par la réalisatrice et les « souvenirs éclatés » de l’actrice Holly Hunter sur leur collaboration dans La Leçon de piano et Top of the Lake. Une bibliographie et une filmographie détaillées de la cinéaste complètent cet ouvrage de référence, où sont reproduites plus de 300 illustrations couleur et noir et blanc.
MICHEL CIMENT, membre du comité de rédaction et coordinateur de la revue Positif, participe au Masque et la Plume (France Inter) depuis 1970 et a produit pendant 26 ans Projection privée (France Culture). Maître de conférences émérite en civilisation américaine à l’université Paris 7, il est également l’auteur d’une trentaine de livres de référence sur le cinéma et le président d’honneur de la Fédération internationale de la presse cinématographique.
The Power of the Dog (2021) a remporté le Lion d’argent de la Meilleure réalisation à Venise. Il a également reçu 3 prix aux Golden Globes 2022, dont Meilleur film, Meilleure réalisation et Meilleur second rôle.
Prix du Meilleur album de cinéma du Syndicat français de la critique de cinéma
Lecture conseillée sur tablette et smartphone pour une expérience optimale des illustrations couleur
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Commentaires

       J'ai déjà écrit tout le bien que je pense de ceux des films de Jane Campion que j'aime le plus -    An Angel at My Table           /   Un Ange à ma table           et    Bright Star           au premier chef. Mais même dans les films d'elle pour lesquels j'ai moins de passion, je trouve de l'intérêt. La grande valeur du livre de Michel Ciment - au-delà de la très haute qualité de réalisation de l'album, richement illustré - réside en partie dans le fait qu'il est une défense et illustration de tous les films de la réalisatrice néo-zélandaise, y compris les moins prisés, et qu'il fait émerger la cohérence de la démarche et de l'œuvre sans pour autant refuser à l'auteur les évolutions, les heurts, les contrepieds, etc.

Le plan de l'ouvrage est simple : une introduction générale est suivie de "Jane avant Campion", résumé en quelques dates de la vie de l'auteur et de sa famille jusqu'à ses débuts comme réalisatrice ; chacun des chapitres suivants est consacré à un film donné (ou à un ensemble de films dans le cas des courts métrages), avec une analyse critique qui précède un entretien. Fidèle à ses choix de toujours (cf. par exemple le récemment paru    Une renaissance américaine : De Woody Allen à Robert Zemeckis, Entretiens avec 30 cinéastes          ), Michel Ciment ne propose que des entretiens menés au moment de la première sortie du film et non rétrospectifs. En ce qui concerne Jane Campion, avec qui il a conversé pour la première en fois en 1986 à l'issue de la présentation de ses courts métrages, les entretiens couvrent toutes les étapes de la carrière jusqu'à la série    Top of the Lake           (2013), dont elle a été l'instigatrice et la co-réalisatrice.

Toujours en sympathie admirative avec Jane Campion, Ciment pose des questions qui à maintes reprises permettent des éclairages assez vifs sur les raisons de certains choix, qu'ils engagent la direction d'un film dans son entier ou des points de détail. Les premiers échanges, y compris celui sur    Sweetie          , donnent à la réalisatrice l'occasion de commenter son parcours, de sa formation artistique à ses études d'anthropologie. Les suivants se posent naturellement plus la question du rapport à la source littéraire - trois de ses films sont des adaptations de romans, tandis que    La Leçon de piano           est saturé de souvenirs romanesques et Bright Star se nourrit de la biographie du poète John Keats - tout en cherchant toujours à cerner les composantes audiovisuelles de son art et la singularité de son apport. Tout comme les analyses du critique, qui multiplient les angles d'approche, du relevé des biographèmes - Ciment utilise pas mal l'approche ouvertement psychocritique d'Alistair Fox dans    Jane Campion: Authorship and Personal Cinema           - à l'analyse des références avouées en passant par des parallèles éclairants avec d'autres œuvres et cinéastes, et bien sûr la mise en valeur d'un motif ou d'un effet de style récurrent.

Ces textes déjà relativement conséquents (trois pages par film, sans compter celles consacrées aux seules reproductions), on regrette seulement qu'ils ne soient pas plus longs et ne rentrent pas un peu plus dans l'analyse fine de certains des traits singuliers les plus marquants. Mais en l'état, au fil des films, on voit se dessiner un tapis déjà tissé assez serré, d'autant que les entretiens viennent ajouter quelques fils essentiels pour nous aider à y distinguer une figure. Si je ne peux m'empêcher de trouver le tout un peu trop court, c'est à l'évidence parce que d'une part je connais ces entretiens pour les avoir lus au fur et à mesure de leur parution dans la revue Positif,  d'autre part parce que les analyses de Ciment gagneraient à être développées ici et là pour donner toute leur mesure. Il reste que l'on ne peut pas reprocher à cet album d'être chiche en textes, qui comme ils s'avèrent assez denses et ne font pas dans la redite satisfont amplement. On saura par ailleurs gré à Ciment d'avoir fait un tel sort aux premiers essais de Campion, de ses courts métrages à son premier long, en étudiant avec soin tout ce qui met en place une manière et trouvera des échos et déclinaisons dans les œuvres suivantes ; de s'être fait le champion des films les plus critiqués et / ou délaissés de la réalisatrice, en particulier    Holy Smoke           et    In the Cut           (dont on pensera in fine ce qu'on voudra mais qui valent en tout cas que l'on se penche sur eux avec autant de pertinence que les autres) ; d'avoir inclus des textes de Jane Campion, qu'ils éclairent son cheminement relativement à un film ("John Keats et moi"), ou bien qu'il s'agisse de véritables nouvelles ou de textes à forte dominante autobiographique (cf. "Ciel bleu - Mémoire de douleur inspiré par les événements du 11 septembre 2001", texte gonflé dans lequel elle parle de l'hébétude liée à la douleur en évoquant de façon sensible l'état dans lequel elle se trouvait après la mort, à onze jours, de son fils Jasper).

Ciment a choisi "Le point de vue d'une rebelle amoureuse" comme citation pour ouvrir le chapitre sur Bright Star. A la lecture de cet ensemble de textes, à se souvenir des films, plus ou moins fraîchement revus, on se demande si ce n'est pas là un bon résumé de ce qu'a apporté au cinéma mondial des dernières décennies cette cinéaste des antipodes, dont la production est intégralement attachante à défaut d'être toujours aussi également réussie.

Sur le plan de l'iconographie, cet album est une réussite majeure. A commencer par la très belle photo de couverture, et tout autant celle de la 4ème de couverture (où ne figure aucun texte), prise en 2006, dans laquelle la fille de Jane Campion a la tête délicatement posée sur son épaule. Les photos de famille ne sont pas de trop (Jane à 7 ans, image qui pourrait presque passer pour le photogramme d'un de ses films ; Jane à 9 ans, qui fait beaucoup plus que son âge). Les documents tirés des archives de la cinéaste (pages de storyboard, collages...) sont tous bienvenus. Pour ce qui est des films, au-delà des photos déjà maintes fois reproduites, on a droit à nombre de captures d'écran qui permettent d'appuyer le propos de façon idoine - la page 167 fait ainsi merveilleusement se répondre trois images liées aux papillons dans Bright Star. Certes, dans quelques cas, la qualité de reproduction s'en ressent un peu et quelques photogrammes sentent leur origine vidéo. Mais dans l'ensemble celle-ci s'avère très bonne et les couleurs sont fort bien restituées. On est heureux que certaines photos de tournage, parfois déjà vues quant à elles, soient présentes : ainsi de celle de Jane Campion tenant dans ses bras Kate Winslet, sur la route, qui fait rêver à ce qu'elles peuvent bien regarder hors-champ tout en illustrant la toujours très grande proximité de Campion avec ses actrices.

Au total, un album superbe, qui propose une approche unitaire et pourtant ouverte d'un œuvre pas démesuré mais déjà conséquent. Un ouvrage que l'on ne peut que conseiller sans réserves, qui fait honneur à ses concepteur et éditeur. On est d'ailleurs heureux de voir revenir les Cahiers du cinéma à des ouvrages de bonne taille sur des cinéastes et pas seulement sur des acteurs. Qu'ils ne s'arrêtent pas en si bon chemin!

NB À tout seigneur tout honneur : Michel Ciment entame son livre par une dédicace à "Pierre Rissient, sourcier" - une pensée pour ce grand dénicheur de talents, qui a contribué à imposer tant de grands noms du cinéma mondial (dont Jane Campion bien sûr, et nombre de metteurs en scène asiatiques), qui sont autant de figures singulières - et le clôt naturellement par des remerciements à Jane Campion, indiquant qu'il est seul responsable de cet ouvrage, "auquel elle a permis de voir le jour".

En 2016 est d'ailleurs sorti un livre d'entretiens avec Pierre Rissient :    Mister Everywhere          . Un témoignage précieux sur celui qui a peut-être "l'homme de l'ombre" le plus influent dans le cinéma mondial du dernier demi-siècle.

MISE A JOUR 2020

L'édition référencée pour l'instant de la façon suivante sur la page de La Leçon de piano - Jane Campion (1 DVD + 1 Livre) [Edition limitée] - comprend le dvd du film et le livre de Michel Ciment commenté ci-dessus. Si l'on est détenteur d'un lecteur blu-ray, il vaut mieux acquérir le film dans ce format, tant l'édition blu-ray - celle dite du 20ème anniversaire parue en France, ou bien celle du 25ème anniversaire parue en Grande-Bretagne - s'avère meilleure que le dvd. En revanche, si l'on compte se porter sur le dvd, autant acquérir en même temps, pour un prix modique, le dvd avec le livre. Si l'on est avant tout intéressé par le livre aussi, d'ailleurs, car il se trouve plus cher séparément (en tout cas pour l'heure). A noter que l'ouvrage est exactement le même ; il comprend simplement la pochette du dvd dans un de ses rabats.
 

5/5

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