Cahiers de prison. Anthologie (2022)

Editeur: ‎ Editions Gallimard (1 mars 2022)
Pages: ‎ 763 pages
Format: ePUB, PDF, Doc, TXT, MP3, KINDLE, FB2
Langue: Français
Descriptions de livres
Pourquoi les Cahiers de prison d’Antonio Gramsci sont-ils si souvent cités et pourtant toujours si peu lus ? La cause est-elle à
chercher dans leur caractère fragmenté et volumineux à la fois ? Tient-elle à l’oubli des références qui sont celles de la culture de Gramsci ? Se comprend-elle par le peu de connaissance que nous avons de la vie de cet intellectuel engagé dans les combats de son temps ? S’explique-t-elle par un message philosophique et politique aujourd’hui moins audible ? Peut-être… mais il semble avant tout que l’œuvre majeure de Gramsci pâtisse de la surimposition des interprétations aux dépens de la lecture directe des textes.
L’objectif de cette anthologie est de remédier à cette difficulté en permettant une saisie plus facile, plus immédiate et surtout la plus complète de la pensée gramscienne affranchie des gloses qui l’entourent et qui parfois la dénaturent ainsi que des réductions à quelques formules répétées à l’envi.

Commentaires

Nul choix ne pouvait être plus inattendu et ainsi mieux inspiré que celui de Jean-Yves Frétigné pour son anthologie. Il nous y propose en effet : non point quelque savante  thèse, glose cachée ou prise de position sur la pensée élaborée dans les gramsciens cahiers de prisonnier : il en existe tant déjà dont aucune n’est à négliger et dont la pluralité en sa diversité est à devoir considérer. Mais ce sont là tâches subordonnées au souci premier dont cette anthologie nous aura révélé la nature et la portée. Aussi inapparente que poétique nature et portée en effet que l’ensemble de notes constitué par ces 29 cahiers qu’on ne saurait autrement et justement mieux intituler – ainsi que Boulez nous en suggère le trait - que comme autant de « relevés d’apprenti » du détenu Gramsci.

Relevés d’apprenti et non semblants d’œuvres comme la facilité-fausseté s’en est maintenue jusqu’ici. Ce qui légitime l’appel lancé à l’ingénuité de ses lecteurs par Jean-Yves Frétigné.Car il s’agit avec lui d’une ingénuité on ne saurait mieux avisée : laissant à Gramsci toute son humble liberté de pensée et répondant à l’exigence d’en découvrir, avec l’originarité, « la commune décence » portée comme Orwell en aura pré-défini la naïve-native vérité. Soit, « l’indépendance et l’autonomie » comme Gramsci l’exigence aime en rappeler. Indépendance à l’égard notamment des orthodoxies politiques des partis ou courants – tant communistes que libéraux – qui s’affrontaient en son temps - et dont nous héritons des mérites et méfaits. Mérite de la pensée libérale et méfait de son inféodation à la dissimulation de l’oppression ; mérite à l’opposé de l’aspiration communiste et méfait de sa totalitaire domination. S’étant confié d’abord - « tendanciellement  crocien» - à la première, puis ouvrièrement réorienté selon la seconde, Gramsci nous apprend ainsi à se libérer de leurs prestiges sans en diffamer pour autant les meilleurs représentants. Et au-delà, ce dont ils sont la succession. Ne va-t-il pas jusqu’à - dans le cahier 13 - envisager que puisse « renaître » « sous forme de religion supérieure » cette « philosophie de la praxis » en la défense et renouvellement de laquelle, Marx redivivus comme Granel le définit, il se sera illustré, dès avant son emprisonnement mais surtout plus décisivement dans ces cahiers que Jean-Yves Frétigné nous invite à explorer. À nouveaux frais.



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